Z’avez déjà lu Zeller, Florian de son prénom ? Moi, avant ce soir : non. Çà n’a pas duré longtemps, 5 pages je crois. Et big incompréhension : auteur encensé, soutenu par son directeur de collection et prix Interallié. Rien que ça.
Ces prix ne veulent rien dire.
De style il n’y en a pas, plusieurs fois dans les deux premières pages intervient la laconique formule « je me suis dit ». Quel écrivain en herbe emploie encore ce type de laide facilité ? Aucune image, aucun effort, c’est un alignement de phrases courtes et de jugements de valeur sur L’islam pratiqué en Egypte.
Le titre ? La fascination du pire, premier roman dudit auteur, et ce pourquoi j’ai déboursé 3,50 euro.
Le titre colle bien à ma conclusion : la fascination du pire. Pourquoi un gribouillis pareil a autant détonné ? C’est une saine interrogation à partir d’un méprisable constat : ce genre de bouse fonctionne.
Pas seulement chez le lecteur mais aussi chez l’éditeur. Pourquoi ? Ça me fascine. Pourquoi le pire fascine ? Parce que nous zôtres écrivaillons biberonnés aux Hugo, Proust ou Saint Exupéry martelons le clavier à la recherche de la pépite : la formule qui fait mouche. Reprenez vos faucilles : ce n’est pas de style que l’on veut mais des idées polémiques, ce genre de vagues rumeurs qui enflent avec les trois points de suspension.
Voilà qui fait écho à la remarque d’une éditrice, me confiant qu’en France on privilégiait trop la forme sur le fond, que les Français ne savent pas faire court, simple et efficace. Amoureux des lettres, blindez-vous : c’est à la mode et c’est ce qui marche dans les rayons.
Donc finalement, après avoir fermé ce livre à la recherche d’un briquet j’ai compris quelque chose : faire des phrases courtes pour être publié, ça je savais. Mais surtout : transmettre une idée. Dépasser le cadre du stylo et l’éjaculation au bon mot pour entrer dans la sphère militante du récit d’idées. Faire réfléchir et quelque part, c’est pas niais.
Fi des histoires avec des personnages magnifiques, il faut faire cogiter. Et tant pis si le thème est éculé, prenez une posture qui vous démarque. A vos claviers !
Evidemment, cet article n’a pas laissé indifférent aussi je me dois de préciser : je ne déteste pas Zeller et un temps, je l’ai admiré (publié à 27 ans, auteur de pièces jouées par des grands noms de la scène…) seulement voilà : je suis atterré par ce que j’ai lu. Ce n’est pas lui que je déteste ce sont ceux qui ne tirent pas ce type de plume vers le haut. Je serai éditeur, je ferai de la merde aussi. Mais j’aurai mon pré carré, mes coups de coeur, et là : seul le service manuscrit me nourrirait. A l’instar du patron de Stock et sa collection perso (ligne bleue, je crois)
Faut bien se dire que le public de masse a des gouts de chiottes et des attentes que seuls peuvent remplir des petits malins aux grandes idées et des marketeux kontoukonpris.
Il ne suffit pas d’écrire un bon livre, il faut encore savoir le vendre.
Et quoi de mieux que de se créer un personnage (philosophe têtard ou gothique à chapeau) pour y parvenir ?
Après tout le même hemingway cité plus haut a construit son image de soldat héro, chasseur sans peur, castagneur….
Alors je travaille (pas mon allure, hein) j’adapte mon style à l’époque. Et c’est gratifiant d’évoluer ainsi quand le résultat nous plait. je serai en roues libres j’écrirai de phrases à rallonges, mais la compréhension dans tout ça ? Fais court et juste, voilà ce que me dirait Ernest qui, tu l’auras compris, m’inspire.
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A la suite de ce billet, on me fait part que l’incompréhension est partagée. L’édition en France contient trop de mystères pour que je la comprenne. Et j’ai quand même du mal à me dire que le pire qu’on en pense (copinage, livre-produit…) soit entièrement vrai. Alors je m’interroge. Et je lis. Le prochain best seller sur ma liste est Houellebecq. Ses trois premiers romans frappent à ma porte demain matin. J’espère avoir une révélation. En attendant, je cogite… et j’écris ! En espérant que ma vision de la littérature – du sens, du divertissement et du style- ne soit pas trop passéiste.
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